[=>En provenance de Taki no Kuni]
Long, long, très long, trop long... Voilà ce que je me disais au sujet du temps que j'avais mis pour parcourir la distance indiquée dans le parchemin. Le voyage avait été rude mais pas autant que je l'aurais cru. Les instructions de l'invitation étaient assez précises, très pour moi qui n'avais auparavant pas mis les pieds hors de Ame. C'était fini tout ça, c'était terminé. Si je revoyais ne serait-ce qu'un membre de ma famille, j'aurais sans douté été dans l'obligation de m'en débarrasser pour de bon. Ce n'était pas que je n'y avais jamais été attaché non, c'était qu'à présent, ils ne représentaient plus pour moi qu'un passé révolu. Faire amende honorable ou retourner à Ame... Jamais... C'était pour cette raison que je n'avais pas hésité avant de me mettre en route pour ce lieu, loin et pourtant à portée de main. Je n'avais quasiment pas dormi du voyage, à peine une demi-heure de repos toutes les cinq heures de route. C'était amplement suffisant, j'avais l'habitude avec mes cauchemars. Le plus simple avait été de trouver la rivière puis le village du pays du Riz. Je n'avais pas eu d'embrouilles avec qui que ce soit et j'avais même eu un coup de bol en gagnant un autre sac de provisions contenant des onigris. Je ne suis pas du genre à me réjouir pour si peu mais il faut avouer que gagner deux jours de nourriture, en boules de riz, à une tombola, gratuite pour être le cinquantième participant... Ce voyage s'annonçait sous les meilleurs jours et ce, même s'il n'avait pas encore plu.
Le reste du chemin fut un peu plus rude pour moi. Je fus obligé d'escalader quelques arbres pour m'assurer de garder le bon cap. Saletés de végétaux, incapables de me laisser aller en ligne droite sur la quinzaine de kilomètres à faire. Je pensais même m'y perdre à force d'esquiver des équipes de shinobis qui semblaient en mission de leur côté. Moi qui avait toujours cru que les forêts étaient des lieux calmes, j'avais du revoir ma conception de la chose et cela ne serait sans doute pas la seule à reconsidérer. Toujours sous le couvert de mon Henge, j'avais erré un moment dans les bois, cherchant ce végétal qu'était un saule pleureur. J'ai bien du tourner une vingtaine de minutes avant de le trouver. C'était un arbre un peu différent, il avait tronc et branche mais des sortes de lianes en pendaient, légèrement agitées par la brise. Aucun doute, ce devait être cela. Ressortant le parchemin, je relus le mot de passe mentalement puis rangeait la lettre en mettant un terme à mon illusion. Soufflant dans mon masque, mon parapluie contre l'épaule droite, je prononçais les mots comme si je m'étais adressé à ce petit serpent d'argent. La marque de son sang était encore quelque peu présente mais pour ce que j'en avais à faire... Vérifiant une ultime fois que je n'étais pas suivi, je levais les yeux vers le végétal.
"Serpent d'Argent"
Je ne sais pas trop ce que j'ai ressenti à cet instant mais lorsque je vis l'endroit, j'eus une courte hésitation. Peut-être était-ce dû à ma méfiance qui me faisait encore regarder partout pour être certain de déceler les divers pièges possibles sur la route. J'étais peut-être dingue de m'y aventurer. Non, c'était un fait, je suis dingue sur les bords. Une personne normale n'apprécie pas la pluie, ne tombe pas fou de sa soeur, ne commet pas d'assassinat ni ne plonge un parent dans le coma volontairement avant de prendre la fuite. Non, je me suis préservé, je ne suis pas un lâche, jamais... Avant de m'en rendre compte, mes pas me portèrent jusqu'au bâtiment puis me firent parcourir l'endroit jusqu'à un vaste lieu. Il était possible que ce soit l'endroit où l'on m'ait convoqué via invitation. Avisant un mur, je m'y adossais un instant, puis me laissai glisser accroupis, prenant appui sur le manche de mon parapluie. Ecoutant ma propre respiration siffler, je restai sans bouger, prenant un peu de repos dans cette posture.
Rallier Oto depuis Taki no Kuni en trois jours et demi m'avait quand même légèrement fatigué. Sens en alerte, je restais sur le qui-vive. Qui pouvait dire où je m'étais rendu ? Dans quel but et qui était la personne qui me connaissait suffisamment pour m'attirer dans ces lieux ? Plissant légèrement les yeux, je gardais mon sang-froid. Je savais me défendre après tout.